Au fil des années, les indications géographiques (IG) ont suscité un intérêt croissant en matière de durabilité.
D’une part, l’évolution des valeurs sociétales, la perception des consommateurs et les réglementations étatiques en matière commerciale demandent à tous les secteurs économiques – y compris les chaînes de valeur agricoles et alimentaires – de repenser leurs modèles économiques. L’un des principaux défis des économies actuelles est de continuer à générer de la valeur, en répondant aux besoins d’une population mondiale croissante, tout en poursuivant des objectifs sociaux et environnementaux.
D’autre part, bien avant que la société civile et les décideurs n’interrogent les entreprises à propos de leur impact sur le bien-être de leurs employés ainsi de leurs communautés et sur l’environnement, les IG – par leur nature même – étaient déjà sensibles à certaines questions liées à la durabilité. Par exemple, en ce qui concerne la répartition équitable de la valeur entre les opérateurs de la chaîne de valeur, les IG se distinguent par une meilleure rémunération des producteurs primaires, souvent pénalisés par les dynamiques de négociation avec l’industrie de la distribution. De même, comme les IG ne peuvent être délocalisées (elles incarnent des caractéristiques naturelles et humaines spécifiques à leurs régions d’origine), une attention particulière est souvent accordée à la préservation des sols et à la protection de la biodiversité.
Cela ne signifie pas que les IG sont, par définition, durables selon les derniers standards, mais qu’elles sont dans une position privilégiée pour répondre aux défis émergents. À cet égard, le règlement récemment approuvé de l’Union européenne sur les indications géographiques pour les vins, les spiritueux et les produits agricoles reconnaît que la durabilité concerne une dimension économique, sociale et environnementale ; que les IG peuvent jouer un rôle clé en termes de durabilité, y compris dans l’économie circulaire ; et que des pratiques durables peuvent être intégrées dans les cahiers des charges des produits IG.
Plusieurs associations en charge des IG à travers le monde œuvrent pour améliorer leurs performances en matière de durabilité.
Cependant, dans certaines circonstances – en particulier pour les associations d’IG dans les pays en développement ou dans les zones défavorisées des pays à revenu élevé – la gestion de ces enjeux complexes constitue un défi pour les producteurs et les opérateurs économiques concernés.
Pour répondre à ces défis, depuis 2016, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et oriGIn collaborent en matière de durabilité et IG. Dans ce contexte, plusieurs outils ont été développés, tels que les « Lignes directrices pratiques pour les organisations de producteurs afin d’identifier les priorités, évaluer les performances et améliorer la durabilité de leurs systèmes d’indications géographiques », un toolkit pour aider au traitement des données, ainsi qu’une base de données répertoriant plus de 400 indicateurs de durabilité pertinents pour les IG. Ces outils permettent aux producteurs et autres opérateurs des chaînes de valeur IG d’élaborer leur propre feuille de route en matière de durabilité, à travers un processus participatif et inclusif : https://www.origin-gi.com/fr/20-03-2024-origin-et-la-fao-lancent-la-publication-developing-a-roadmap-towards-increased-sustainability-in-geographical-indication-systems-lignes-directrices-et-toolkit/
Les lignes directrices et le toolkit offrent aux organisations IG souhaitant s’engager dans une démarche de durabilité une méthodologie pratique pour :
- Etablir une série de priorités parmi les sujets économiques, sociaux, environnementaux et de gouvernance locale à traiter ;
- Évaluer les performances actuelles dans les priorités identifiées à l’aide d’un ensemble d’indicateurs ; et
- Améliorer les performances grâce à des initiatives ciblées, en partenariat avec des alliés potentiels.
Nous croyons que ces outils pratiques sont utiles pour les groupements d’IG à travers le monde, quels que soit le stade de leur parcours vers la durabilité. Ils peuvent être utilisés pour élaborer leur feuille de route de durabilité ou simplement pour comparer et évaluer la stratégie actuelle, par le biais d’un processus participatif et inclusif avec les acteurs locaux concernés. À titre d’exemple, avec le soutien de l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle (IPI) en Suisse, ces outils sont actuellement utilisés au Pérou pour développer la stratégie de durabilité de l’IG « Café Villa Rica ».
Si votre institution (groupement IG – individuellement ou au niveau sectoriel – donateur, centre de recherche, autorité publique, etc.) est intéressée à collaborer avec nous en matière d’IG et la durabilité, n’hésitez pas à contacter notre directeur exécutif à l’adresse suivante : massimo@origin-gi.com .
