L’indication géographique protégée « Maïs sucré de Neuville » est réservée pour un maïs sucré cultivé et récolté à Neuville. Pas le choix de se déplacer dans ce petit village situé près de Québec, au Canada pour y goûter, et rencontrer les producteurs tiennent un kiosque le long de la route 138 qui borde les champs de maïs. Ailleurs, vous trouverez du Maïs sucré de Neuville que dans de rares endroits comme au Grand Marché de Québec. Si un marchand de Montréal ou de Rimouski souhaite vous en vendre, méfiez-vous! Le Maïs sucré de Neuville, indication géographique protégée, ne se vend qu’aux alentours de son territoire natal. Le blé d’Inde pousse partout, alors pourquoi faut-il traverser le Québec pour goûter celui de Neuville?
Le Maïs sucré de Neuville n’est pas un blé d’Inde comme les autres. Il n’est pas génétiquement modifié. Cueilli à point dans les heures qui précèdent sa vente, il est d’une fraîcheur incomparable. Il est sucré, ferme et juteux. Ses grains sont brillants de couleur jaune-ivoire. Dès qu’il est cuit, il dégage une douce odeur de beurre et de noisette.
Depuis des décennies, les atouts de ce maïs attirent les amateurs d’épluchettes de partout dans la province. « Quand j’étais petit, j’entendais déjà parler du maïs sucré. Sa réputation existe depuis longtemps à Neuville, bien avant ma naissance », raconte le producteur de maïs Gaétan Gaudreau, de la ferme Degau.
Cette réputation vient du territoire dans lequel pousse ce maïs. « Nous faisons pousser les mêmes variétés qu’on peut retrouver ailleurs comme à Sherbrooke ou en Ontario, explique Médé Langlois de la Ferme Langlois et Fils qui est lui aussi un producteur de maïs certifié. Mais c’est la terre de la région qui lui donne son goût unique ».
En plus de son microclimat qui permet d’avoir une récolte plus hâtive, la région, qui se trouve en bordure du fleuve à environ 35 kilomètres à l’ouest de Québec, bénéficie de sols sablonneux contenant du calcaire. À cela s’ajoutent la pente des champs vers le sud qui procure une irrigation naturelle. « On le sait, le goût vient de la terre. C’est comme le raisin, poursuit le Neuvillois. Un même cépage cultivé en France et en Californie, à cause du sol, sera différent. Pour le maïs, c’est la même chose! »
Un savoir-faire top-secret
La terre, bien qu’elle joue un grand rôle dans le goût distinctif du Maïs sucré de Neuville n’est pas le seul ingrédient de son succès. Le savoir-faire développé par les producteurs du village pour le cultiver y serait également pour beaucoup.
Médé Langlois représente la onzième génération d‘agriculteurs de sa famille. Vers l’âge de huit ans, il a commencé à aider aux travaux de la ferme et a pu observer le travail de ses parents et grands-parents. Sa famille a d’ailleurs ouvert l’Économusée de la conserverie qui retrace l’histoire de la ferme et celle du Maïs sucré de Neuville.
« Chez nous, on a un savoir-faire de plus de 350 ans. Les trucs et façons de faire ont été transmis de génération en génération. Ce que je peux dire c’est que c’est un maïs qui est récolté jeune. Pour le reste, c’est comme une bonne recette, on ne donne pas les ingrédients secrets de sa réussite! », prévient Médé Langlois en rigolant.
Gare aux fraudeurs !
C’est pour défendre cette renommée et lutter contre l’usurpation que les producteurs neuvillois se sont regroupés en association en 1997.
« Il fallait se protéger de la fraude, assure Gaétan Gaudreau, également président de l’Association des producteurs de Maïs sucré de Neuville. Ça faisait longtemps que des gens vendaient du maïs de Neuville, alors que ça n’en était pas. »
L’Association a élaboré un cahier des charges qui garantit la qualité et la traçabilité du produit. Un logo a également été créé pour permettre au consommateur de reconnaître le vrai Maïs sucré de Neuville.
Après plusieurs années de réflexion et de travail, l’Association a obtenu la reconnaissance officielle de son produit en 2017 avec l’Indication géographique protégée (IGP) Maïs sucré de Neuville. Selon Gaétan Gaudreau, la fraude a nettement diminué depuis que l’appellation est en place. Avec sept producteurs qui cultivent environ une centaine d’hectares de Maïs sucré de Neuville, la production reste donc à une échelle locale et peine à suffire à la forte demande.
Le Québec a 7 appellations réservées, dont 5 reliées au territoire qui ont déjà obtenu leur Indication géographique protégée soit: IGP Agneau de Charlevoix, IGP Cidre de glace du Québec, IGP Maïs sucré de Neuville, IGP Vin du Québec et IGP Vin de glace du Québec (voir https://cartv.gouv.qc.ca/appellations-reconnues/ ).
C’est le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV) qui est le gardien de l’authenticité de ces produits bioalimentaires distinctifs légalement reconnus par l’État québécois. Valoriser ces produits d’appellation et contribuer à leur développement sont des enjeux importants de la dernière planification stratégique du Conseil. Pour en savoir plus, rendez-vous au https://cartv.gouv.qc.ca/
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